« I'll be there by your side » || Duncan

« I'll be there by your side »

Never knew I could feel like this
Like I've never seen the sky before
Want to vanish inside your kiss
Every day I love you more and more
_____________ Come what may

Ce matin, Ambre s’était réveillée de bonne heure sans raison particulière. Elle s’était pourtant couchée tard la veille, ayant longtemps discuté avec le reste des humains dans leur petit salon. Ils avaient passé de longues heures à parler de tout et de rien, et l’ambiance si particulière qui avait régné avait apaisé tous les esprits sans exception. Elle se rappelait vaguement s’être endormie, confortablement installée dans un fauteuil au coin du feu, et voila qu’elle se réveillait dans son lit. Ca allait finir par devenir une habitude : elle s’endormait aux quatre coins du château, parfois dans le salon commun, ou encore la bibliothèque. Qui donc s’était dévoué pour la porter hier ? Ambre se redressa trop vite, et son corps se rebella, lui faisant douloureusement sentir de nombreuses courbatures. Elle était sans doute restée plus longtemps pliée dans le fauteuil qu’elle ne l’avait cru. Elle prit rapidement quelques affaires dans la petite armoire qui jouxtait son lit et fila en direction des sanitaires. Une douche et quelques étirements plus tard, elle se sentait déjà mieux. Ambre enfila son jeans, un tee-shirt, et sans faire de concession supplémentaire pour son apparence, se déclara prête. Elle se rendit finalement compte qu’elle avait complètement zappé de prendre des chaussettes et/ou des chaussures, en tête en l’air accomplie. Ne considérant pas ça comme important, elle haussa les épaules et quitta les lieux d’un pas tranquille. Vu l’inclinaison du soleil, il ne devait pas être plus de 7h du matin. La jolie brune avait appris à se situer dans le temps grâce à la lumière, seul repère qu’elle avait acquis. L’heure bien matinale expliquait la fatigue de la jeune fille, qui avait perdu la notion du temps hier au soir, mais pouvait tout de même affirmer qu’elle avait veillé assez longtemps pour ne pas être tout à fait alerte. Elle étouffa un bâillement, trouvant ridicule l’idée d’aller se recoucher alors qu’elle venait de sortir des draps, même si l’idée était tentante. Elle préférait de loin profiter de la quiétude qui semblait flotter sur l’annexe encore ensommeillée. Pour s’être souvent baladée dans les couloirs au petit matin, elle savait d’expérience que les humains préféraient faire la grasse matinée quand l’occasion leur en était laissée et que les vampires se retiraient presque tous dans leurs quartiers pour passer la nuit à s’occuper.

Les paupières lourdes mais les idées claires, Miss Turner se mit en route sans but particulier, le contact de ses pieds nus sur les dalles froides l’électrisant. Le soleil vif et cru d’hiver entrait à flots par les grandes fenêtres et elle resta plantée au milieu du couloir pendant quelques instants, admirant le visage de la forêt enneigée qui lui faisait face. Elle s’assit sur le large rebord de la fenêtre la plus proche, et savoura simplement les rayons sur son visage, l’aveuglant totalement. Elle laissa ses pensées divaguer et son esprit alla immanquablement voleter vers Duncan. Où pouvait-il bien être ? Chaque fois qu’elle pensait à lui, chaque seconde sauf celles passées en sa compagnie, cette question l’assaillait immanquablement. Elle aurait aimé le voir, là, tout de suite, sentiment qu’elle éprouvait presque constamment. Laissant sa tête tomber en arrière, contre la vitre, Ambre ferma les paupières et poussa une grande inspiration. Son siège de fortune avait beau ne pas être très confortable, la chaleur rassurante du soleil sur son dos était agréable. Alors qu’elle se sentait sombrer tout doucement dans une somnolence bienvenue, elle ouvrit à contrecœur les yeux et secoua la tête, comme si ce simple geste allait lui permettre d’être parfaitement réveillée. Elle savait que c’était inutile, et que sa fatigue la suivrait, mais elle espérait pouvoir la reporter jusqu'à ce soir, et ne pas avoir à faire le zombie toute la journée. Il fallait qu’elle se lève et fasse quelque chose si elle ne voulait pas s’endormir, et elle su précisément quoi.

Cela faisait donc plus de 24h qu’elle n’avait pas vu Duncan, parce qu’il s’était enfoncé dans les profondeurs de la forêt pour aller chasser, et Ambre avait donc passé son temps avec Ian. Quoi qu’il en soit, elle savait qu’il était déjà rentré, et elle voulait absolument le voir. Après tout, une journée complète c’était beaucoup trop, et seule sa présence serait capable de lui faire oublier sa nuit trop courte. La jolie brune sauta d’un bond sur ses pieds, tressaillant quand ses pieds se posèrent sur le sol, car elle avait oublié à quel point il était froid. Elle retourna sur ses pas, mais d’une démarche bien plus rapide qu’a l’aller. Si elle devait trouver Duncan, le premier endroit dans lequel chercher était évident. Au bout de quelques minutes, elle parvint enfin dans l’aile sud, qui était réservée au camp de ce dernier. Une lourde porte lui faisait face, et elle frappa quelques coups. Comme elle ne faisait pas partie du camp de Duncan, elle ne pouvait pas entrer là toute seule, il fallait que quelqu’un lui ouvre la porte. De toute façon, elle savait que quel que soit le vampire qui viendrait voir qui était leur visiteur, il la laisserait passer. Depuis qu’elle fréquentait Duncan, elle connaissait tous les vampires de son clan, et s’entendait bien avec la majorité. Etant tous au courant de la relation qu’Ambre entretenait avec leur leader, ils la laisseraient passer sans hésitation. Aujourd’hui devait être un jour de chance, car la tête qui passa dans l’entrebâillement fut l’une des plus favorables à la jeune humaine. Malgré elle, Amy sauta au coup d’Abigail, réflexe qu’elle avait adopté depuis qu’elle connaissait cette dernière. Elles s’entendaient toutes deux à merveille, et elle fut ravie que son amie soit là. Elles s’échangèrent quelques politesses typiques, à la « ma belle, comment tu va ? » avant que la nouvelle venue pose la question cruciale, à savoir, si son amoureux était quelque part dans les parages. Abigail répondit qu’il n’était pas là mais qu’il ne tarderait sûrement pas à revenir. Les deux filles se dirigèrent vers un petit salon qui avait été disposé dans un coin de la grande salle, Abi avait sûrement du se rendre compte que son amie avait du mal à tenir debout. Elles s’assirent et parlèrent un moment, Abigail racontant les nouvelles du clan, et Ambre lui faisant un résumé en détail de la soirée que les humains avaient passé au complet la veille, sachant pertinemment que tout ce qui touchait à Ian intéressait la belle vampire. Cependant, Miss Alvares du partir au bout d’une petite demi-heure, ayant certaines choses à faire. Elle laissa Ambre après que cette dernière lui air assuré un nombre incalculable de fois que cela ne la dérangeait pas d’attendre seule. La petite humaine se sentait toujours fragile et empotée, dans cette grande pièce magnifique occupée par des êtres tous plus beaux et gracieux les uns que les autres. Pour rendre cette attente un peu moins pesante, elle se cala plus confortablement dans son fauteuil, passant les jambes au dessus d’un accoudoir, et laissant sa tête reposer sur le grand dossier. Ce qui devait arriver arriva et, sans qu’elle s’en rende compte, Ambre glissa tout doucement dans les bras de Morphée…

Invité

Duncan avait décidé de sortir de l’école, et pour une raison bien précise, une raison qui le terrifiait sans qu’il ne s’en rende compte, car il sentait que, d’une instant à l’autre, tout pouvait basculer, tout ce que son père avait battit pourrait se retrouver compromit par sa faute, lui qui d’ordinaire était son plus fervent partisan. En effet, cela faisait déjà plusieurs jours qu’il n’avait pas bu la moindre goutte de sang, peut être même plus d’une semaine entière, et l’envie commençait à se faire grandement sentir, il avait de plus en plus de mal à rester calme face à tous ces humains qui venaient lui parler sans ce douter de rien. Le soleil venait de se coucher, mais il n’était pas tard, pas plus de dix-neuf heures sûrement, et les gens commençaient à se faire plus rare dans le parc où le vampire avait trouvé refuge. Il sentait, à son insu, ses membres trembler de plus en plus fort, et savait que s’il restait encore en compagnie de cette odeur plus qu’agréable, il allait commettre l’irréparable, et il voulait éviter ce drame à tout prix, quitte à s’éloigner peut être définitivement de cet endroit. Et oui, il arrive souvent aux vampires d’avoir des coup de blues, étrangement plus qu’à la plupart des humains… Il fallait qu’il boive du sang, n’importe lequel, car il sentait monter en flèche l’envie de plonger ses dents dans le cou de la première venue, c’était plutôt mauvais signe. Il devait se faire violence pour réussir à traverser le parc sans bondir sur tout ce qui bougeait. Il serrait les poings, tant et si bien qu’il finit par s’entailler la chair de la paume avec ses ongles, il souffrait, à un point qu’aucun humain ne pouvait imaginer, comme un accro à la cocaïne qui n’aurait pas eut son rail quotidien, le côté animal qui sommeillait en lui lui hurlait de boire, boire, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, et Duncan avait une furieuse envie de céder à la tentation. Agité par quelques spasmes assez impressionnant, il quitta l’école, se retrouvant bientôt dans la forêt. Tous ses sens de prédateur aux aguets, il ne tarda pas à se délecter du sang d’une biche, puis de celui d’un lièvre. Pourtant, contrairement à d’habitude, il ne se sentit pas rassasié, au contraire, cela le laissait sur sa faim, il n’arrivait plus à se contenter de cette nourriture. Il huma dans l’air une douce odeur, une odeur qu’il avait toujours aimé, mais cette odeur sentait aussi l’irréparable, le sacrilège, et le tabou. Qu’à cela ne tienne, en plus, elle venait vers lui, autant en profité, même si chaque fois que cela se produisait, il s’en voulait et était au bord de la dépression tant il se haïssait.

- Duncan… C’est encore… Cette envie pas vrai ? demanda une voix, prévenante et légèrement inquiète, une voix douce et féminine.

- Lena… Va…, il fut secoué d’un spasme tellement puissant qu’il du se rattraper un arbre pour ne pas s’effondrer, va t’en !

Loin de partir, la jeune brune s’accroupit à ses côtés et le soutint pour qu’il puisse se relever, avant de le prendre avec délicatesse dans ses bras et de caler la tête de se dernier dans le creux de son cou tout en appuyant pour l’inciter. Duncan se dégageât dans un ultime élan de désespoir, les bras pliés sur le ventre tant la douleur du manque était intense. Il tremblait, mais refusait de boire le sang de ce vampire qui n’était autre que sa sœur, Lena, qui appartenait au clan d’Adam, pourtant il l’avait fait tant de fois depuis qu’il l’avait retrouvée, comme ils étaient tout deux du même sang, il n’y pas le risque de rejet qui pouvait se produire si un vampire en mordait un autre sans avoir de lien avec. Voyant que son frère se débattait désespérément pour vaincre ses pulsions animales et qu’il refusait son offrande, elle se mordit au poignet avant d’agiter son bras légèrement sanglant sous le nez de ce dernier. Une sorte de rugissement rauque, un râle puissant, sortit de la bouche du vampire, il se leva d’un bond avant de se jeter sur elle, l’enserrant de ses bras. Même si l’envie était plus que pressante, il prendrait toujours soin d’elle. Il écarta ses cheveux avec soin et l’embrassa doucement dans le cou avant de planter ses dents avec toute la douceur possible dans la chair si délicieuse de cette dernière. Il la sentit se raidir dans ses bras et éprouva une grande culpabilité. Son sang, si froid, si doux, s’écoulait dans sa bouche, sa gorge, et venait le revivifier au plus profond de son être. Tant et si bien qu’il oublia de s’arrêter, il ne pouvait plus, trop subjuguer par ce goût intense. Ce n’est que lorsqu’il sentit une main venir agripper son visage qu’il se rendit compte de ce qu’il faisait et qu’il la relâcha. Passant sa langue sur ses lèvres pour ne perdre le sang qui s’était déposé sur son contour. Il passa une main sur la joue de sa sœur avec un sourire emplit à la fois de gratitude et de profonde excuse. Elle se contenta de lui sourire. Elle se recula et chancela un peu, mais de dit rien. Duncan se rendit compte qu’il avait sûrement exagéré sur la quantité de sang qu’il lui avait pris, car il était vrai qu’à présent, il se sentait mieux qu’il ne l’avait jamais été. Voyant sa sœur s’effondrer sur le sol, à bout de force, il su qu’il devait agir vite car Lena perdait ses forces à vue d’œil. Pour éviter le même problème, il jugeât bon qu’elle ne le morde pas, il fallait qu’il lui donne un peu de son sang par un autre moyen. Il se mordit à son tour le poignet et remplit sa bouche de son sang. Il se pencha sur elle et la releva doucement avant de plaquer ses lèvres contre les siennes. Non, il ne l’embrassait certainement pas, il tentait juste de lui faire boire le sang qu’il avait recueillit dans sa bouche. Il se releva, elle de même, elle lui assura qu’elle allait bien et qu’elle irait mordre un humain en ville pour se régénérer entièrement, elle ajouta également qu’elle était heureuse d’avoir pu l’aider. Il rentra donc à l’école, avoir donné un peu de son sang lui laissait comme un faible vide, mais incomparable à celui qu’il avait ressentit tout à l’heure. Celui-ci s’intensifia lorsqu’il arriva devant la porte pour accéder à l’aile est, l’odeur d’Ambre parvint jusqu’à lui, une odeur exquise qui ravivait en lui ses plus vifs instincts de chasseur. Pourtant, et il le savait, jamais il ne lui ferait de mal, il tenait bien trop à elle. Il entra et la trouva allongée sur un canapé. Elle dormait profondément, il la regarda, fasciné. Il se pencha sur elle et lui déposa un baiser dans le cou.

Ambre rejoignit en à peine quelques minutes un état proche du coma. Le fauteuil était confortable, la pièce vide était silencieuse, et elle dormit d’un sommeil noir et profond, dépourvu de rêves. Une sensation reconnaissable entre toutes l’éveilla de la plus agréable des manières : de froides et douces lèvres dans son cou. Les yeux toujours clos, elle sourit instinctivement, et soupira d’aise. Combien de temps avait-elle sommeillé ? Deux minutes ou deux heures ? Quoi qu’il en soit, la lourde fatigue qui l’assaillait semblait s’être pris un peu de congé, et elle en fut soulagée, tout en sachant que ce n’était pas pour autant qu’elle serait au mieux de sa forme toute la journée. Elle battit des paupières, la lumière du soleil entrant dans la pièce l’aveuglant provisoirement. Elle marmonna, légèrement mal à l’aise d’avoir été prise – à nouveau - en flagrant délit de sommeil :

- Non, non, je ne dormais pas … Je me reposai les yeux.

Salon du clan de Duncan, à ajouter sur la liste devenue bien longue de tous les endroits où elle s’était assoupie. Existe-t-il plus insolite comme lieu pour le faire ? Elle allait finir par se forger une réputation de marmotte de service, si ce n’était pas déjà fait. Les tâches noires qui dansaient encore devant ses prunelles s’estompèrent au fur et à mesure qu’elle papillonnait des yeux. Le visage du plus beau des vampires prit forme face à elle et cette impression que le monde pouvait s’arrêter de tourner sans que cela ne lui pose le moindre problème s’imposa. Duncan avait pour habitude, et bien malgré lui, d’éclipser toute présence autre que la sienne dans un rayon de 5 kilomètres. Il se détacha doucement d’elle, mais elle le retint par le bras et plongea avec délice dans son étreinte protectrice. Leur séparation n’avait guère été longue, mais pourtant insoutenable, du moins pour la jeune fille qui tournait en rond comme un lion en cage pendant l’absence de celui qu’elle aimait plus que tout. Se reculant un peu pour pouvoir le couver des yeux, elle demanda, d’une voix malgré tout encore ensommeillée :

- Alors, ça a été cette chasse ? T’as dis bonjour aux cerfs de ma part ?

Quand elle était arrivée à Warrens, elle en voulait profondément à l’entièreté des vampires, sans faire de distinctions entre les clans, et leur régime alimentaire l’écœurait au plus haut point. Cette époque était depuis longtemps dépassée, et elle avait pris le parti de l’humour pour désamorcer ce dégout qui n’en était plus un. Cependant, alors qu’elle finissait sa question, il lui sembla que Duncan se raidit. Elle avait beau ne pas être très alerte, elle s’en était rendu compte. Il cachait extrêmement bien ses émotions, même par rapport à Ambre, ce qui énervait assez souvent la jeune femme qui n’arrêtait jamais de le lui reprocher. Malgré tout, elle réussit à percevoir cet éclair dont elle ignorait tout dans le regard du beau brun. Elle ne put s’empêcher d’adopter une expression soucieuse. Contrairement à lui, quand elle n’y faisait pas attention, ses émotions se peignaient sur son visage aussi clairement que si elle s’était collé un post-it sur le front, et elle avait beau essayer de rester impassible, le pouvoir de Duncan lui empêchait de garder pour elle quoi que ce soit. Mais lui, qu’est ce qu’il lui cachait ? Elle se redressa un peu, toujours lovée dans le fauteuil, en espérant acquérir une contenance en étant plus droite, mais c’était peine perdue. Elle savait que poser la question fatidique était inutile, car il devait sûrement s’être douté de ce qui la tracassait. Une longue minute s’écoula dans le silence le plus total durant laquelle Ambre eut toute la peine du monde à soutenir le regard de Duncan. Se perdre dans ses yeux était expérience assez déroutante. Le mystère était complet, car ses pupilles reflétaient l’amertume que seule une personne ayant des siècles d’existence derrière lui peut ressentir. Miss Turner, du haut de ses 18 ans savait pertinemment qu’elle était incapable d’en saisir toute la portée, et ne le serait probablement jamais. Lui, avait l’air parfaitement détendu, comme toujours, et ce fut bien évidemment la jeune humaine qui lâcha le regard la première. Enervée contre elle-même d’avoir rendu les armes trop tôt, et voulant absolument savoir, elle prit le taureau par les cornes.

- Bon, tu me dis ce qui se passe ou dois-je en faire appel à la torture ?

Elle regarda Duncan avec son air le plus convaincant de petit chien battu, après tout, toutes les techniques étaient bonnes pour obtenir des aveux.

Invité

Duncan, tandis qu’il embrassait paisiblement sa petite amie, fut prit d’une bouffée d’orgueil en songeant que cette créature aussi belle que fragile l’avait choisit lui, et pas un autre, il se sentait fort et désirable, sentiment qu’il ignorait avant de la rencontrer. Il songeât un instant à sa vie s’il ne l’avait pas rencontré dans cette école, si elle n’avait jamais apprit l’existence des êtres de la nuit, sa propre existence… Il en vint même à être heureux qu’elle se soit faite capturée puis enfermée ici. Une pensée, certes, très égoïste, mais surtout très amoureuse. Car il était clair qu’il n’imaginait pas du tout sa vie une journée sans sa présence chaleureuse. C’était une humaine, elle dégageait donc chaleur et douceur, deux choses dont lui même était privé depuis maintenant un demi millénaire, et à chaque fois qu’il la prenait dans ses bras, il se sentait plus en sécurité que n’importe où ailleurs. Etrange non, qu’un vampire se sente à l’abri dans les bras d’un être aussi vulnérable et éphémère ? Lui même ne savait pas expliquer pourquoi il ressentait ça au fond de lui, au plus profond de ce qui lui restait de son âme. Duncan vit un sourire se dessiner sur les fines lèvres de sa compagne, il ne pu s’empêcher de les lui caresser du bout du doigt, avec une légèreté déconcertante. Chaleur… Vie… Tout plein de sensations exquises qu’il s’appropriait ainsi. Elle papillonna quelques instant des yeux avant de le regarder.

- Non, non, je ne dormais pas … Je me reposai les yeux, se justifia t-elle, visiblement mal à l’aise.

- Aurais-tu la prétention de me mentir jeune fille ? Tu devrais pourtant savoir que c’est inutile… souffla t-il avec un sourire avant de doucement déposer ses lèvres sur les siennes. Le froid contre le chaud, le soleil contre la nuit, tant de force contraire qui rendait ce baiser encore plus électrique que le plus banal des baisers.

Elle ne devait pas avoir honte de dormir, pour Duncan, s’était une chose à la fois fascinante et intrigante, il tentait même parfois de fermer les yeux pour plonger dans le sommeil, sans succès, à chaque fois il devait se rendre à l’évidence, un vampire ne dormait pas. Jamais. Depuis le temps qu’il n’avait pas pu se laisser aller à des rêves de bonheur et d’insouciance, il devait avouer que la sensation lui manquait terriblement. C’était un bon moyen de faire abstraction du monde qui l’entourait, d’oublier le temps d’une nuit tout ses problèmes, de pouvoir se reposer, de ne plus penser à ce monde noir ou le sang coulait trop, même au sein de son clan. Une façon aussi de soulager sa conscience qui devenait chaque jour de plus en plus lourde à porter, même pour un vampire avec autant de résistance psychologique que Duncan. Lui aussi, comme tout le monde, avait ses propres faiblesses cachées derrière les sourires aimables et bienveillants qu’il adressait faussement à tout le monde. Il s’en voulait de garder ce masque même en présence d’Ambre, en tant que couple, ils devaient tout ce dire, sans exceptions, mais il ne pouvait se résoudre à lui avouer ce crime horrible qu’il commettait au moins une fois par mois, voir plus. Autant pour lui que pour elle, il valait mieux qu’elle ne soit pas au courant, pour sa propre sécurité, Duncan trouvait qu’elle avait déjà assez souffert comme ça.

- Alors, ça a été cette chasse ? T’as dis bonjour aux cerfs de ma part ? s'enquit-elle le plus naturellement du monde.

- Hum… commença t-il légèrement refroidit par cette demande, elle était… Il hésita, que devait-il dire, ne pas dire ? Elle était commune à toutes les précédentes, finit-il par souffler doucement et sûrement.

Sûrement pas très convaincant, il aurait pu faire preuve de plus de crédibilité, au moins pour une fois, pour ne pas avoir s’expliquer et s’étendre d’avantage sur le sujet, chose qu’il voulait à tout prix éviter. Il se mordit la lèvre inférieur lorsqu’elle posa sur lui un regard inquisiteur, elle semblait essayer de sonder ses pensées, ses yeux plongés dans le noir des siens. Un instant, et sûrement pour la première fois de sa vie, il cru qu’il allait perdre la face devant ses deux pupilles de flamme qui embrasait son âme au point de venir consumer jusque son cœur, mais heureusement, elle baissa les yeux avant lui. Il lâcha un soupir imperceptible et s’assied sur le bord du fauteuil afin de ne pas l’écraser, ni la gêner. Il lui sourit tendrement en lui passant une main dans les cheveux, puis lui caressa la joue. Duncan se demandait comment la jeune humaine pouvait apprécier ce contact froid et privé de la chaleur bienveillante qui devait normalement accompagné le geste, il se rendit compte à quel point il avait de la chance de l’avoir près de lui. La plupart des humains ici ne s’entendaient pas du tout avec les vampires, et certains persécutaient même ceux qui se liait d’amitié ou d’amour avec eux. Et même si le vampire était catégoriquement pour la paix, ça ne l’empêchait pas d’être hors de lui lorsqu’il assistait une scène du genre.

- Bon, tu me dis ce qui se passe ou dois-je en faire appel à la torture ? insista t-elle.

- La torture hein ? répéta t-il avec un rictus à la fois moqueur et amusé. Tu penses vraiment pouvoir me soutirer des informations ainsi ?

Que pouvait-elle bien faire qui puisse l’obliger à avouer quoique ce soit ? Apparemment, elle avait compris ce qui était susceptible de le faire flancher, et s’en servait à merveille. Son petit air faillit arracher la vérité de la bouche du vampire, qui les ravala au dernier moment. Ne pouvant plus soutenir son regard plus longtemps, il se positionna au dessus d’elle, sans pour autant l’écraser et l’embrassa une nouvelle fois. Plus longtemps cette fois, avec plus de vigueur aussi. Un baiser langoureux qui aurait fait frémir la plus insensible des vampires. Il savoura quelques instant son goût si fruité, si doux et si désirable avant de se reculer légèrement.

- Je t’aime…

Toute cette assurance qu’il dégageait… Ambre avait du mal à composer avec ça. Elle ne savait jamais sur quel pied danser, jamais quelle attitude adopter avec Duncan. Elle avait finalement pris le parti d’être elle-même, ce qui s’était avéré bien utile, car leur couple marchait parfaitement ainsi. Pas de masque à entretenir, ce dont elle était bien incapable. Pourtant, lui, donnait toujours l’impression d’être parfaitement sûr de lui, et cette petite faille qu’elle parvenait, à de rares occasions, à percevoir dans son regard ou dans sa voix, avait commencé à la faire douter. Elle avait dix-huit ans, et rien à cacher, mais lui, qui avait des siècles derrière lui, personne ne pouvait totalement le cerner, même pas Ambre, et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être aussi simples qu’en apparence ? Pourquoi le mystère était-il si nécessaire ? Elle regretta immédiatement de lui avoir demandé comment c’était passé la chasse, car il reprit immédiatement ses habitudes de ne rien laisser transparaitre. La brèche par laquelle elle aurait voulu s’infiltrer venait de se refermer aussi sec. Elle avait réussi à dépasser le stade « je perds tout mes moyens » en sa présence, mais ne parvenait toujours pas à lui tenir tête. La raison principale étant qu’il détenait toutes les armes pour empêcher les connexions de se faire dans le cerveau d’Ambre…

« Commune à toutes les précédentes »… Pourtant, elle aurait dit le contraire. Ne s’avouant pas vaincue, elle insista, et lui, mauvais joueur, ne lui laissa aucune chance de victoire. Il abattit ses meilleures cartes, et Ambre était incapable de rivaliser avec ça. Il ricana et lança une réplique qui ne fut pas du tout satisfaisante pour la jeune humaine. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais n’en eut pas l’occasion. Duncan se pencha vers elle, et avant que le moindre son ne put parvenir jusqu’aux lèvres de la jolie brune, celles-ci furent occupées par une tâche autrement plus importante. Le baiser qu’il lui donna fut si intense qu’elle fondit immédiatement, malgré la température ambiante lui rappelant qu’elle était dans le domaine des vampires. Son cerveau s’éteignit sur le champ, laissant le cœur de la jeune fille lui dicter que dire ou faire. Tout à coup, les doutes et les craintes qui s’entrechoquaient dans son esprit s’étaient échappées, lui laissant un peu de répit bienvenu. Quand il l’embrassait, rien d’autre n’avait d’importance. Il se recula légèrement, et de la voix la plus mélodieuse que la terre n’ait jamais pu entendre, il lui souffla quelques mots, qui la firent pourtant frissonner toute entière. « Je t’aime… » Le ton avec lequel il le lui dit emplit Ambre de ce sentiment plus fort que tout, plus violent que l’éclair, plus brûlant que le feu, ce sentiment appelé passion. Chaque fois qu’elle vivait de pareils instants, elle n’arrivait pas à se dire que tout cela lui appartenait, que cet amour lui était destiné. Ce n’était pas juste, elle n’avait rien fait pour mériter pareil cadeau. Souvent, quand elle plongeait son regard dans celui de Duncan, elle se disait que toute sa vie n’avait été qu’une vague interprétation du mot, car elle comprenait à peine ce que signifiait le mot vivre. C’était lui, et lui seul qui faisait battre son cœur. Je ne parle pas des petits sursauts réguliers d’un organe mou, mais des vrais battements, ceux qui résonnent jusque dans vos oreilles, qui vous font vibrer. Issue d’un mariage qui avait mal tourné, Ambre avait fui toutes formes d’amour, tout plutôt que de finir comme ses parents. Malheureusement, maintenant, elle ne pouvait plus faire marche arrière, et pire, l’amour, qui pour elle avait toujours été un canular à échelle mondiale, était la raison qui lui donnait la force d’avancer. Penser à ses géniteurs lui fit baisser la tête. Le beau vampire ne pouvait comprendre toutes les pensées qui s’entremêlaient dans l’esprit de la jeune femme, mais il eut l’air surpris de la légère vague de nostalgie qui l’envahit sans prévenir. Le rouge lui monta aux joues en pensant à son enfance, à Sydney, toute cette insouciance qui lui manquait.

Si elle n’était pas si irrémédiablement éprise de Duncan, elle lui en aurait voulu terriblement. Il avait brisé toutes ses convictions, avait fait voler en éclats tout ce en quoi elle croyait. Elle, qui détestait tant les vampires auparavant, était maintenant incapable de se passer d’un des plus célèbres d’entre eux. Ils lui avaient volé son meilleur ami, sa liberté, et depuis peu, Elena. D’ailleurs, une partie de Miss Turner, petite, mais bien présente, continuait à leur en vouloir pour ça. Malgré ça, une bien plus grande partie, et qui faisait taire l’autre, aurait donné sa vie pour les yeux de Duncan. Se rendant compte que les secondes s’écoulaient, et que son amoureux attendait certainement une réponse, ou du moins, une réaction, elle leva les yeux vers lui, et lui décocha un sourire tendre. Elle glissa sur le côté, le prit par les épaules pour le faire asseoir sur le fauteuil, et s’installa confortablement sur ses genoux. Laissant reposer sa tête sur l’épaule de son prince, elle lui murmura dans le creux de l’oreille :

- Je sais… Moi aussi.

Elle resta quelques instants ainsi, savourant simplement l’odeur si unique et douce de Duncan. Ce genre de moments étaient si parfaits qu’elle aurait voulu ne jamais avoir à quitter l’étreinte protectrice du beau brun. Elle avait trouvé sa place sur terre : dans ses bras. Ambre se rendit ensuite compte que le plan de son chéri avait marché comme sur des roulettes. Elle s’était complètement fait avoir, ce qui n’était guère surprenant. Qui peut rivaliser avec un pareil stratège ? La fragile mortelle releva la tête, un sourire narquois sur le visage. Elle frappa de son poing l’épaule du vampire, sachant tout à fait que ce geste aurait l’air d’une caresse pour lui, mais elle le fit juste pour la symbolique.

- Dis moi, elle est au point ta technique de diversion ! J’ai failli me faire avoir !